L’Égypte envisage des paiements en espèces plutôt que des subventions alimentaires dans le cadre de réformes économiques
Dans un changement de politique significatif, l’Égypte envisage de passer de la fourniture de produits alimentaires à des tarifs subventionnés à des paiements directs en espèces pour ses citoyens. Ce changement potentiel a été au cœur des discussions lundi lors d’un forum initié par le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi.
Le forum, qui fait partie du Dialogue National mis en place par le président en 2022, explore cette transition comme un moyen d’améliorer l’efficacité du programme de subventions du pays. Les économistes recommandent depuis longtemps une telle réforme, suggérant que les paiements en espèces pourraient être un moyen plus efficace de soutenir les personnes dans le besoin.
Pendant de nombreuses années, le système de subventions de l’Égypte a été une pierre angulaire du bien-être social de la nation, avec environ 370 milliards de livres égyptiennes (7,6 milliards $) alloués dans le budget 2024/25 pour les subventions directes. Les subventions alimentaires, qui représentent 36% de ce montant, ont aidé plus de 60 millions d’Égyptiens à acquérir des produits essentiels comme les pâtes et le sucre à des prix réduits, avec 10 millions supplémentaires bénéficiant de pain fortement subventionné.
Cependant, ce programme de longue date a fait l’objet de critiques de la part du président Sisi et des ministres de haut rang, qui soutiennent qu’il n’atteint pas efficacement les populations les plus vulnérables et exerce au contraire une pression sur les finances de l’État.
Le Fonds Monétaire International (FMI), qui a accepté un programme de soutien de 8 milliards $ pour l’Égypte, a noté en août les avantages de la réduction des subventions non ciblées. Le FMI suggère qu’une telle réduction pourrait libérer des ressources pour la protection sociale et le développement du capital humain.
Le Dialogue National, une plateforme pour générer un débat politique, a publié une déclaration dimanche soulignant les avantages potentiels du passage aux subventions en espèces. Bien que de nombreuses recommandations du forum restent non mises en œuvre, les discussions sur les subventions indiquent l’intention du gouvernement de procéder à la réforme.
L’ancien ministre et membre du conseil du dialogue national, Gouda Abdel Khalik, a commenté la détermination du gouvernement, déclarant : “Le gouvernement est déterminé à réduire les subventions, et ils utilisent le dialogue national pour le présenter comme soutenu par des experts.”
Avec environ 60% de la population égyptienne vivant au niveau ou près du seuil de pauvreté et l’inflation affectant le coût de la vie, les subventions ont été un mécanisme de soutien crucial pour beaucoup. L’économiste Mohamed Fouad de l’Université Américaine du Caire souligne que si les subventions en espèces pourraient cibler plus précisément ceux qui en ont besoin, leur succès dépendrait de l’établissement de critères clairs les liant aux taux d’inflation.
Reuters a contribué à cet article.